Docteur, pourquoi protéger mon chien contre les tiques et les vers?

Le chien partage un bon nombre de parasites avec son compagnon félin. Aujourd’hui, nous mettrons l’emphase sur les parasites qui affectionnent particulièrement nos compagnons canins.

Vers du coeur

Le ver du coeur (Dirofilaria Immitis) est un étrange parasite qui passe la majeure partie de sa vie dans les artères et veines des chiens et autres canidés. Les larves (stades immatures) du parasite sont transmises via la piqûre d’un moustique précédemment infesté. Une fois présentes dans les vaisseaux sanguins d’un animal, les milliers de larves microscopiques vont maturer pendant plusieurs mois (jusqu’à 7 à 9 mois) pour atteindre une taille adulte d’environ 2.5 cm de longueur. Au cours de leur maturation , les vers vont migrer progressivement vers les vaisseaux sanguins qui nourrissent les poumons, puis directement dans l’oreillette droite du coeur où ils pourront commencer à produire à leur tour des millions de petits. Avec l’aide des moustiques piqueurs, un seul chien infesté peut donc servir de réservoir pour la contamination de tout un quartier. Alors que le parasite était jusqu’à récemment considéré comme rare dans nos régions, au cours des dernières années, plusieurs cas d’infestations ont été confirmés entre autres dans l’ouest de la région montréalaise et à proximité de la frontière avec les États-Unis (Montérégie , Estrie). Il devient donc de plus en plus important de connaître les risques associés aux vers du coeur et de prévenir leur propagation.

  • Les conséquences : La plupart des chiens infestés par le ver du coeur ne présentent pas de symptôme pour une longue période. Ces porteurs silencieux augmentent de beaucoup le risque de transmission dans la population. Le symptôme le plus fréquemment rapporté est la toux. Cette dernière est le plus souvent causée par la présence de vers qui peuvent obstruer partiellement ou complètement les petits vaisseaux sanguins pulmonaires, causant une inflammation sévère des structures affectées et du même coup une augmentation importante de la pression dans les artères adjacentes.Les conséquences de ces changements sont une dilatation du coeur et dans plusieurs cas une bronchopneumonie allergique. Ces changements peuvent causer l’apparition d’une intolérance à l’exercice , une perte de poids , des syncopes (pertes de consciences momentanées) et la mort. Dans les cas plus graves, c’est la veine cave (la plus grosse veine du corps , connectée directement au coeur) qui est bouchée, créant une dangereuse obstruction au passage du sang et une insuffisance cardiaque sévère.
  • Le traitement : Lorsqu’il est détruit , le ver du coeur libère des toxines dans le corps de l’animal qui peuvent causer des dégâts encore plus importants que le parasite lui-même. Le traitement d’un animal infesté n’est donc pas sans danger et se prolonge souvent sur une longue période. Lorsque les vers obstruent la veine cave, il est parfois même nécéssaire de procéder à une chirurgie pour les extraire directement. Pour ces raisons , l’emphase est mise sur la prévention de l’infestation en utilisant divers médicaments qui vont détruire les larves au niveau de la peau ou du sang avant qu’elles ne puissent maturer. Les produits disponibles sous prescription d’un vétérinaire sont offerts sous forme de comprimés oraux ou d’applicateurs cutanés et le traitement doit généralement être administré une fois par mois pour la période à risque. Au Québec, en raison de notre climat tempéré, il est pour le moment recommandé de protéger nos chiens de juin à novembre. Dans les régions plus au sud, la prévention peut se prolonger sur 12 mois.
    Il faut toutefois rester prudent car un animal déjà infesté par le parasite adulte qui recevrait certains traitements préventifs pourrait subir les conséquences de la mort d’une grande quantité de larves et de la libération de leurs toxines (réaction allergique sévère). Il est donc recommandé d’effectuer d’abord un test sanguin pour s’assurer que notre chien est bien exempt de vers du coeur avant la saison estivale.

Vers intestinaux

La majorité des vers intestinaux rencontrés chez le chat peuvent également affecter les chiens. Leurs modes de transmission et les conséquences d’une infestation sont également similaires (perte de poids, selles molles, vomissements, poils ternes). Certains de ses comportements naturels peuvent toutefois rendre l’espèce canine plus à risque de contamination. Par exemple, le fait de creuser la terre, de traquer une piste à l’odeur ou de manger des excréments facilite l’accès à un grand nombre de parasites sous forme d’œufs ou de larves. Les sites où on retrouve fréquemment un grand nombre d’animaux comme les parcs à chiens et les chenils sont d’excellents réservoirs potentiels pour les parasites de toutes sortes. Heureusement le traitement de ces parasites est également simple et efficace que se soit par la bouche ou par un traitement topique (appliqué sur la peau).

Puces

Quoi que les chiens soient considérés comme plus résistants que les chats aux différents parasites et agents infectieux transportés par les puces, ils ne sont pas à l’abris des conséquences de l’infestation au niveau de la peau. Les démangeaisons occasionnées par les piqûres peuvent être intolérables et il n’est pas rare d’observer des plaies causées par les griffes et les dents de l’animal. Des infections bactériennes peuvent se développer au niveau de ces lésions et compliquer la situation. Les animaux prédisposés aux allergies cutanées peuvent aussi développer des réactions sévères au contact de quelques puces.

Les mécanismes d’action des médicaments utilisés pour le traitement des puces chez le chien sont les mêmes que pour le chat (produits oraux ou topiques). Prudence toutefois , car certains produits canins appliqués sur la peau contiennent des agents actifs qui sont hautement toxiques pour les chats (ex: les perméthrines). Si votre chien côtoie un chat au quotidien , informez vous auprès de votre vétérinaire pour obtenir un traitement sécuritaire.

Tiques

Comme les puces, les tiques sont des parasites qui se nourrissent du sang de leurs victimes pour pouvoir se reproduire. Comme elles s’attaquent à différents mammifères au cours de leur vie (souris, oiseaux, chiens, chevreuils, homme) les tiques sont des hôtes parfaits pour la transmission de différentes maladies. Depuis une dizaine d’années, en raison du réchauffement climatique, on note une grande augmentation du nombre de tiques dans nos régions. Au Québec, les chiens sont à risque de contracter deux maladies après une morsure de tique: La maladie de Lyme et l’Anaplasmose. La maladie de Lyme ne déclenche, la plupart du temps, pas de symptôme mais peut causer de la fièvre, une boiterie et plus rarement de sévères problèmes rénaux. L’Anaplasmose peut causer des signes similaires à la maladie de Lyme, en plus de problèmes au niveau du sang et des signes neurologiques. On peut aisément prévenir ces infections en utilisant des produits préventifs qui vont empêcher l’attachement des tiques à la peau ou tuer ces dernières au moment de leur repas. Dans les zones à risques, il est recommandé d’inspecter votre animal après les ballades dans les herbes longues et en forêt. Si vous découvrez une tique sur votre animal, restez calme. Contactez un professionnel de la santé animale qui pourra vous indiquez comment retirer la tique de façon sécuritaire.

Même dans notre climat tempéré, il existe une multitude de parasites qui menacent le bien-être des chiens. Lors de l’examen annuel de votre animal, prenez le temps de discuter avec votre vétérinaire pour identifier les facteurs de risques présents dans votre environnement. Vous pourrez ainsi choisir un traitement adapté à votre mode de vie et à celui de votre compagnon pour agir avant que les choses ne se compliquent. Découvrez les défis parasitaires chez le chat.